1re partie : AH, S’IL N’Y AVAIT PAS CES GUINGUETTES (33 mn)
2e partie : L’AUDITION (44 mn)
MILOS FORMAN ABOLIT LA FRONTIÈRE ENTRE DOCUMENTAIRE ET FICTION
ET LIVRE UN FORMIDABLE PORTRAIT DE LA JEUNESSE TCHÈQUE
Lorsque Milos Forman commence à tourner L’Audition, il s’agit encore d’un film amateur sur ses deux amis Jiří Suchý et Jiří Šlitr, directeurs du théâtre Semafor. Les célèbres studios Barrandov se montrent intéressés et lui commandent un court-métrage de 15 minutes – il fera finalement le triple. Afin qu’il puisse être distribué en salles, les studios demandent au réalisateur de tourner un second moyen-métrage qui sera Ah, s’il n’y avait pas ces guinguettes et ouvrira le programme.
Tous deux centrés autour de l’univers musical, ces films frappent d’abord par leur dualité – musique classique/musique pop, campagne/ville, hommes/femmes, etc. – mais de nombreuses similitudes les rapprochent : la façon de filmer de Forman (caméra portée à l’épaule, recours au moyen et au gros plan) et son montage saccadé qui tranchent avec le reste de la production tchèque, ou son choix de n’engager que des acteurs non-professionnels, bouleversants de naturel, que le cinéaste emploiera par la suite, tel le chef d’orchestre Jan Vostrčil. Ce faisant, Milos Forman s’amuse à abolir la frontière entre documentaire et fiction, annonciateur de son œuvre à venir.Il livre au passage un beau portrait d’une jeunesse qui cherche à se libérer des carcans dictés par les générations précédentes. En filmant sans complaisance, Forman donne corps aux aspirations de ces jeunes chanteuses, physiquement métamorphosées au contact avec le micro, prêtes à conquérir leur liberté.