MY OWN PRIVATE IDAHO

MY OWN PRIVATE IDAHO
 

Un film de Gus VAN SANT | États-Unis | 1991 | 105mn

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Mike et Scott vivent parmi les marginaux de Portland, partageant leurs solitudes, les drogues et les hommes ou femmes à qui ils se vendent. Mike est introverti, homo et souffre de crises de narcolepsie. Enfant abandonné, il est obsédé par l’idée de retrouver sa mère. Scott, lui, est le fils du maire de la ville, un homme qu’il déteste et qui cherche à lui imposer un avenir tout tracé. Mike ne cache pas son amour à Scott, qui se refuse pourtant à lui. Ensemble, ils prennent la route pour retrouver la mère de Mike. Le voyage les mène en Idaho, puis au-delà, bouleversant leurs valeurs mutuelles…

Sortie en salles le 16 septembre 2009


Avec ses nuages qui défilent à toute vitesse et ses personnages de clochards célestes, My Own Private Idaho incarne la quintessence du cinéma indépendant américain. Très librement inspiré du Henry IV de Shakespeare et du Falstaff d’Orson Welles, ce troisième long-métrage de Gus Van Sant ressemble à un collage qui multiplie les genres : conte désaxé, farce baroque, road-movie, film expérimental, mélo underground… Transcendé par un River Phoenix bouleversant en héros grunge et lunaire, My Own Private Idaho est une œuvre complexe, frénétique et culte. Un poème beatnik des 90’s sur le vide de l’existence et le manque d’amour.


« L’image de la route, c’est d’abord celle d’un film imprévisible, libre de mouvement, qui bifurque à loisir, sans souci de linéarité, et dont le programme n’est pas entièrement préétabli. Plaisir d’un film dont nous découvrons la trajectoire en même temps qu’elle semble s’inventer sur l’écran. D’ailleurs, ces routes, sinueuses, discontinues et pourtant vastes comme la campagne de l’Idaho, empruntent volontiers les arcanes de la mémoire aussi bien que du rêve, donnant à My Own Private Idaho un rythme à la fois "speedé" comme la cocaïne qu’absorbent les héros, et contemplatif, voire onirique comme les mouvements narcoleptiques qui assaillent littéralement Mike. »

Thierry JOUSSE

critique et réalisateur

Souvenirs de Gus Van Sant



Un scénario hétérogène et baroque


« Après Mala Noche, je me suis trouvé un agent à Hollywood et j’essayais de lancer les choses dans les règles plutôt qu’en dehors du système, ce qui ne marchait pas vraiment. J’allais voir les studios avec un scénario qui était une adaptation partielle de Henry IV. C’était du Shakespeare, situé de nos jours avec des gamins de Portland, Oregon. Une des premières étapes. J’avais aussi d’autres scénarios, comme par exemple My Own Private Idaho, l’histoire de deux gamins de la rue. L’un des deux était plus âgé. Ils étaient d’origine espagnole et partaient pour l’Espagne retrouver leurs racines. Enfin, mon dernier scénario, In a Blue Funk, parlait d’un type comme le personnage de River qui se fait aborder par un vendeur de pièces détachées allemand qui l’installe dans une maison. C’étaient des scénarios distincts. Après Drugstore Cowboy, je voulais essayer d’en faire quelque chose et je les ai accolés, pour ainsi dire, ce qui donne trois histoires qui se déroulent en parallèle. »


Des personnages issus de la rue


« À l’origine les rôles étaient construits à partir de personnes que je connaissais ou que j’avais fréquentées à Portland. Mais ces personnages n’étaient pas gay. Ce n’étaient pas des homos libérés, ouvertement gay. Dans la rue, on trouve des gens comme ça. À Portland, c’était le style des "prostitués masculins" et on avait rencontré l’un d’eux, un type d’environ 45 ans. C’était un prostitué comme ceux qu’on trouve chez John Rechy. Je trouvais ça super, d’avoir trouvé un type qui avait passé des décennies à faire le trottoir, et je l’ai présenté à River qui ne l’a pas trouvé très intéressant. Il le trouvait caricatural et vieux jeu. Il avait aussi un côté hétéro… Il possédait cette facette des types qui racolent dans la rue, qui affichent un pseudo machisme comme argument. Le genre Macadam Cowboy, le cow-boy perdu dans la rue, un genre présent dans mes personnages de référence. Il ne s’agissait pas vraiment d’années de libération, comme les années 70 ou 80. On a tourné dans les années 90, mais le film ne traite pas des droits des homos.»

L’implication totale de River Phoenix


« River est arrivé vers moi, il tenait 5 bouts de papier déchirés sur lesquels il avait écrit, très petits, d’environ 10 cm sur 12. Ils étaient griffonnés, raturés, corrigés. On aurait dit une chanson, je crois qu’il voulait que je lise. Il a dit : "J’ai des idées pour une scène." C’était en prévision de la scène du feu de camp. C’était encore cette scène, celle sur laquelle River avait buté, on avait arrêté la lecture pour en parler. Il voulait la mettre à la fin du film, et en plus il voulait la réécrire. À ce stade, on avait passé du temps ensemble sur le tournage et on parlait du film depuis un an. Notre lien était assez fort, donc je savais que ce n’était pas un test. Ca devait être bien, mais j’ignorais ce que River valait comme auteur. Il a dit qu’ils avaient parlé avec Keanu, que Keanu kiffait le truc. C’était bon. Je ne voulais pas qu’il écrive pour Keanu sans son accord. Alors j’ai dit : "D’accord, allons-y. Je ne veux pas lire tes notes, tous tes bouts de papier, ce n’est pas assez clair. Je verrai bien quand vous jouerez." C’est la dernière fois qu’on en a parlé avant qu’ils ne jouent la scène. River voulait une seule prise de quatre angles différents. Un plan large, un plan moyen, un plan rapproché, puis un plan sur Keanu et un sur lui. On ne le ferait qu’une fois pour chacun, pas deux. C’est ce qu’on a fait, et c’était bon, ensuite on est partis à Rome. »

tiré d’un entretien entre Gus Van Sant et Todd Haynes

Réalisation : Gus VAN SANT

Scénario : Gus VAN SANT

Avec : River PHOENIX, Keanu REEVES, James RUSSO, Chiara CASELLI & Udo KIER

Musique : Bill STAFFORD

Directeur de la photographie : Eric Alan EDWARDS & John CAMPBELL

Montage : Curtiss CLAYTON

Producteur : Laurie PARKER

Production : New Line Cinema

 

 

 

 

 

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