Héctor Babenco est né en 1946 à Mar del Plata en Argentine. Dans les années soixante, il vit en Europe où il exerce plusieurs métiers, et revient en Amérique du sud en 1963, plus précisément au Brésil, où il se fait naturalisé. Il fait ses débuts dans le milieu du cinéma en tant qu’assistant réalisateur. En 1973, il réalise son premier long métrage, un documentaire intitulé O Fabuloso Fittipaldi, sur le coureur automobile Emerson Fittipaldi. Deux ans plus tard, dans un contexte de répression politique au Brésil, il signe un portrait d’homme en marge de la société, O Rei da Noite, qui lui permet de se faire remarquer par la critique et le public.
En 1977, il réalise le thriller inspiré de faits réels Lucio Flavio, o passageiro da Agonia (Lucio Flavio, passager de l’agonie) qui dénonce la corruption au sein de la police et les escadrons de la mort. Le film remporte un succès historique auprès du public brésilien. Fort de sa carrière prometteuse, Babenco met en scène en 1980 Pixote : A Lei do Mais Fraco (Pixote, la loi du plus faible) sur les enfants de rue du Brésil. Le film décrit sans indulgence la vie de ces enfants sur un ton quasi documentaire, et révèle surtout le style du cinéaste qui fait preuve d’une énergie autant sociale et politique que poétique. Le film fut un succès mondial et reçu de nombreux prix dont celui du Meilleur film étranger au sein des Associations de Critiques de Los Angeles et de New York. Il fut même classé par la revue American Film parmi les trois films les plus marquants des années quatre vingt, aux côtés de Ran d’Akira Kurosawa et Fanny & Alexander d’Ingmar Bergman.
Suite à ce succès unanime, Babenco adapte à l’écran en 1984 le roman de l’écrivain argentin Manuel Puig, Kiss of the Spider Woman (Le Baiser de la femme araignée). Dans ce film aux intentions politiques mêlées à une intrigue imaginaire, le cinéaste met en scène Raul Julia et William Hurt, qui remporta le Prix d’Interprétation masculine au Festival de Cannes. Kiss of the Spider Woman fut également nominé dans les catégories du Meilleur film, du Meilleur réalisateur, Meilleure adaptation aux Oscars, et reçu celui du Meilleur acteur pour William Hurt. Consacré par la critique internationale, Babenco poursuit sa carrière à Hollywood en réalisant Ironweed (1987), d’après le roman de William Kennedy, avec Jack Nicholson et Meryl Streep, tous deux nominés aux Oscars en tant que Meilleur acteur et Meilleur actrice. Il signe ensuite At Play at the Fields of the Lord (En liberté dans les champs du seigneur, 1991), adaptation de la nouvelle éponyme de Peter Mathiessen.
Au cours des années quatre vingt dix, Babenco fait le choix de revenir au Brésil afin de retrouver son intégrité artistique. Il y réalise Corazon iliminado (Cœur allumé, 1996), qui est certainement son film le plus personnel puisqu’il s’inspire de sa propre adolescence. En 2003, il revient au cinéma avec le drame social Carandiru, qui raconte l’histoire d’un médecin de prison brésilien. Plus récemment, il a réalisé en 2007 El Pasado avec Gael Garcia Bernal, qui traite d’un couple qui décide de se séparer au bout de douze ans de vie commune.
Grâce à son passage remarqué à Hollywood, Héctor Babenco a contribué à repositionner le cinéma brésilien sur le marché, à l’ouvrir à un public plus large et surtout international. S’il est réputé pour ses films au réalisme violent, c’est aussi grâce à cette caractéristique que le cinéma brésilien parvient à trouvé sa propre identité, à savoir un cinéma de critique sociale et politique.
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