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CAMPAGNE DE CICÉRON, LA

Un film de Jacques DAVILA | Comédie dramatique | France | 1989 | 107mn

Au chômage après avoir été renvoyé de la pièce qu'il répétait à Paris et en froid avec sa compagne Françoise, Christian se réfugie dans les Corbières chez son amie Nathalie. Celle-ci est tombée amoureuse d'Hippolyte, qui les rejoint entre deux voyages d’affaires. Son arrivée provoque des tensions, si bien que Christian s’installe à la Campagne de Cicéron, la propriété de son amie Hermance. Sur place, il constate que Françoise a également été conviée…

Construit comme une toile impressionniste, La Campagne de Cicéron peint les destinées sentimentales d’un groupe d’amis en manque d’amour. Tournée dans les somptueux paysages des Corbières, cette comédie douce-amère annonce la manière de filmer les sentiments qui marquera les années 90. Resté longtemps disparu, La Campagne de Cicéron est une pièce maîtresse du cinéma français, un sommet d’intelligence célébré par les plus grands auteurs, de Paul Vecchiali à Éric Rohmer.

 

« Cher Jacques Davila,

 

 

J’ai vu votre film. Ce fut un enchantement. Plus encore : un choc. De même nature que celui que j’ai ressenti, un soir de 1946 ou 7, au studio Raspail, à la projection des Dames du Bois de Boulogne. De même que Les Dames furent un film-phare des années 50, je suis persuadé que La Campagne de Cicéron sera celui des années 90.

 

Ne soyez pas surpris de ce rapprochement. Je sais : ces deux films n’ont guère de points communs ; je crois même que vous vous êtes débarrassé mieux que quiconque de ces relents bressoniens qui flottent encore dans le cinéma français d’auteur. Mais, dans l’un et l’autre cas, on respire dans l’œuvre un air de nouveauté indiscutable et triomphante.

 

De même que Bresson, en 1945, mettait en question le « réalisme poétique » de l’entre-deux-guerres, de même vous balayez d’un coup l’esthétique à la mode (et déjà démodée) durant les années 70-80 : cet expressionnisme, cette théâtralité qui se prenait pour du style, ce culte de la photo publicitaire qui n’avait rien à voir avec la picturalité, cette pauvreté de la narration et du dialogue qui décelait non plus je ne sais quelle modernité, mais l’impuissance pure et simple.

 

Vous vous apportez la rigueur, l’invention, l’intelligence, la poésie (la vraie, pas celle des vidéo-clips), la vérité, la beauté des mots, des gestes et, ce qui n’est pas le moindre mérite, après tant d’années lugubres, enfin, l’humour. Votre film montre que, non seulement le cinéma n’est pas « fini », mais que le monde qu’il scrute et fouille n’a pas fini lui aussi de nous révéler ses splendeurs quotidiennes. C’est un de ces films qui nous apprend à voir et nous donne envie de dire comme Rimbaud : « Maintenant, je sais saluer la beauté ». »

 

 

Eric Rohmer

 

 

Paru dans Les Cahiers du cinéma (N°429, MARS 1990)

Réalisation : Jacques DAVILA

Scénario : Jacques DAVILA, Gérard FROT-COUTAZ & Michel HAIRET

Avec : Tonie MARSHALL, Michel GAUTIER, Sabine HAUDEPIN & Jacques BONNAFFE

Musique : Bruno COULAIS

Montage : Christiane LACK

Directeur de la photographie : Jean-Bernard MENOUD

Production : Les Ateliers Cinématographiques Sirventes & Les Films Aramis

 

        
        
Réalisateur
Rainer Werner FASSBINDER

Jacques DAVILA


Réalisateur discret des années 70-80, Jacques Davila est devenu une personnalité culte de cette période en l’espace de trois longs métrages confidentiels, notamment grâce à l’engouement d’Eric Rohmer pour sa dernière réalisation, La Campagne de Cicéron.

Jacques Davila naît le 25 décembre 1941 à Oran (Algérie).
La première partie de sa carrière s’effectue à la télévision, où il tient le poste d’assistant de 1969 à 1972, avant de réaliser plusieurs courts-métrages et reportages pour diverses émissions, telles que Dim Dam Dom, et met en scène des pièces de théâtre.
Il passe au long format avec Certaines Nouvelles, en partie autobiographique, en s’inscrivant parmi les rares films français de cette époque qui abordent, de manière allusive, le sujet tabou de la Guerre d’Algérie. On y suit une famille (Roger Hanin, Micheline Presle, Anémone…) en week-end en Algérie, l’été 1962, la fin du conflit en toile de fond. Tourné en 1975, le film ne voit le jour qu’en 1979, suite à diverses problèmes de production et distribution.

Jacques Davila ne revient au cinéma qu’en 1983, pour participer au film à sketches L’Archipel des Amours, pour le segment « Remue-ménage », côtoyant celui de Gérard Frot-Coutaz, futur compagnon d’écriture.
Ce retour sur les plateaux est l’occasion pour le cinéaste de retrouver Gérard Lartigau et Micheline Presle, mais aussi d’intégrer Tonie Marshall à sa troupe de comédiens, qu’il va ré-employer par la suite, tel un double féminin. D’abord dans Qui trop embrasse…, l’actrice incarne une jeune femme perdue entre deux amants, avant de se plaindre du manque d’appétit sexuel de son compagnon (Jacques Bonnaffé) dans La Campagne de Cicéron, où elle se plaint du manque d’appétit sexuel. Il s’agit de la deuxième co-signature du tandem Davila/ Frot-Coutaz, après Beaux Temps mais orageux en fin de journée, chronique familiale, et avant Après après-demain, romance entre un professeur de sport et une styliste.

 

DVD - CAMPAGNE DE CICÉRON, LA

DVD 9 – NOUVEAU MASTER RESTAURÉ HD

Version Française
Format 1.66 respecté
16/9 compatible 4/3 – Couleurs
Durée du Film : 107 mn

 

SUPPLÉMENTS :
Réalisés par Pierre-Henri GIBERT
. Un Vaudeville qui finit mal ? (48 mn)
Dans les Corbières, la Campagne de Cicéron ravive la mémoire d’un monde iconoclaste et débridé, où le quotidien le plus banal devient étrange et où l’humour décalé n’est jamais loin du drame.
. La Restauration (14 mn)
Comment un film aussi récent peut-il disparaître ? Pourquoi devait-on le restaurer ? La Cinémathèque de Toulouse mène l’enquête.
. Galeries Photos
. Bande-Annonce

 

Édition sans fourreau

10,00 €

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